Le camp de Gurs

Présentation du projet d'aménagement du site

Le vendredi 17 janvier 2025, le Conseil du Pays de Béarn a entériné le choix de la Maîtrise d’Œuvre pour réaliser le projet d’aménagement du camp de Gurs. Cette décision intervient à l’issue d’une procédure de dialogue compétitif qui a invité trois équipes à penser l’avenir de ce site historique. Cette démarche a associé les partenaires publics – État, Région, Département des Pyrénées-Atlantiques et tous les membres du Pays de Béarn-, ainsi que les acteurs associatifs locaux qui contribuent étroitement au projet.

Un pas décisif est franchi grâce à ce projet pensé par le groupement de Maîtrise d’Œuvre présenté par l’agence Leibar&Seigneurin. Il permet de mettre en lumière celles et ceux qui, avec toute leur humanité, se sont lancés dans des opérations de résistance. Sauvant des vies. Parfois, sacrifiant la leur. Les aménagements prévus du site et la construction d’un bâtiment permettant d’accueillir le public nous autorisent, collectivement, à projeter l’avenir. Au-delà de la transmission de l’histoire et des mémoires, en répondant à un défi d’éducation à la citoyenneté.

Un projet pour l’avenir

(c) Agence Leibar&Seigneurin, 2024

Avec une grande subtilité, l’équipe a su dessiner un aménagement paysager mettant en lumière les parcours mémoriels sur le site, qui s’articulent autour d’un bâtiment central. Sa forme allie subtilement une modernité du trait à l’indispensable respect de la solennité du lieu. Combinant adroitement les deux vocations principales du futur établissement, éduquer et se souvenir, ce projet architectural et paysager traduit un parcours en perpétuel mouvement, de l’obscurité vers la lumière. Ce dessin développe une architecture sobre et solennelle pour un projet respectueux de son environnement.

Une architecture sobre et solennelle

Le site de l’ancien camp de Gurs va ainsi être aménagé pour mieux accueillir le public. Il restera ouvert à la visite 24h sur 24h, 7 jours sur 7. Son intégrité sera pleinement respectée. La forêt conservera son emprise actuelle. La barraque reconstituée, la barraque d’Elbeth Kasser, l’œuvre de Dani Karavan et les différents gestes mémoriels seront mis en cohérence par un traitement discret de signalétique qui donnera les clés de compréhension de l’histoire du camp. Le bâtiment d’accueil existant sera conservé et réhabilité à proximité immédiate du parking.

Les aménagements paysagers mettront en valeur l’arrivée et interpelleront le visiteur, signalant l’entrée dans un lieu chargé d’histoire. Ils génèreront aussi l’intimité avec les constructions voisines le long de l’impasse d’Ossau. Cette première séquence guide les pas vers un porche aux dimensions généreuses, abri et passage.

Un proche central qui orientera le visiteur sur le site nouvellement aménagé

Ce porche, véritable boussole, permet de se repérer sur le site pour distribuer les différents parcours de visites vers la forêt et le cimetière. Même lorsque le bâtiment est fermé, cet « espace des clés » restera accessible. Il fera l’objet d’une réflexion spécifique pour affiner le dispositif qui le mettra en scène, pour proposer à chacun une expérience sonore et visuelle.

Il distribue aussi les accès vers les deux ailes du bâtiment qui va être construit. De plain-pied, ce qui en garantit la bonne accessibilité, ce bâtiment s’articule en deux ailes distinctes dans leurs fonctions et leurs usages.

Un seul bâtiment et deux ailes fonctionnelles

Une aile sera entièrement dédiée à l’accueil des visiteurs, comprenant l’exposition permanente et les ateliers de médiation. Cette organisation souple et fonctionnelle permettra d’accueillir de façon simultanée 2 classes et d’autoriser la visite libre de l’exposition.

Une salle d’exposition permanente aux dimensions généreuses

Le travail à engager sur la muséographie définira les contenus de cette exposition. Il permettra de préciser les aménagements intérieurs dans le respect des ambiances scénographiques imaginées, en dialogue avec l’équipe de la Maîtrise d’œuvre. Il générera aussi la complémentarité entre les dispositifs physiques de médiation (panneaux, textes, objets…) et les outils numériques à déployer. Ce travail permettra enfin de créer les dispositifs d’accompagnement à la visite du site, liant étroitement la découverte de l’exposition à l’expérience du lieu.

Un lien intime entre le bâtiment et le site dans lequel il s’insère

Dans l’autre aile, une salle de petite restauration conviviale compose un sas d’entrée vers une salle modulable, pouvant accueillir des expositions temporaires et des événements scientifiques (conférences, séminaires, formations…) ou culturels (concerts de petite jauge, projections débats…). Enfin, des espaces techniques et de bureaux complètent permettront de proposer des conditions de travail qualitatives aux équipes.

La modularité d’une salle d’exposition pouvant accueillir des propositions culturelles et scientifiques

Cet édifice, par son dessin et les matériaux qui seront utilisés, s’impose comme une matérialité indélébile, ancrée dans le territoire. L’intériorité est brute et vivante. Elle garantit la puissance expressive du lieu. Les murs en béton d’argile constituent une continuité matérielle sur tout le bâtiment. L’utilisation du bois sur les planchers offrira une modularité technique et participera à la qualité d’ambiance. Ce projet s’inscrit pleinement dans une réflexion où l’empreinte environnementale doit être optimisée au maximum, tant dans le respect de la biodiversité du site (nocturne, faunistique, floristique…) que du point de vue de son fonctionnement à venir, notamment de sa consommation énergétique.

L’architecture est solennelle. Ce monolithe, sobre mais expressif, invite à entrer et se dévoile de l’intérieur, par ses jeux d’ambiances. Il met en mouvement le visiteur physiquement de l’ombre vers la lumière, suscitant une véritable expérience de visite. La lumière naturelle, d’abord rare, se fait de plus en plus présente à mesure que les ouvertures s’agrandissent, permettant le dialogue avec le paysage et le site.

Avec pudeur, un bâtiment qui révèle un site, son histoire et ses mémoires

A l’extérieur, le bâtiment est énigmatique. Il renvoie à l’image d’une pierre sculptée. Il sera recouvert d’ardoise, afin d’allier la volonté architecturale d’un bâtiment intemporel et l’ambition d’un édifice véritablement durable. Caractéristique d’un savoir-faire ancien de la région, c’est un matériau extrêmement résistant. Teinté d’un léger bleu ou gris, en fonction de son bassin d’extraction, elle apporte de plus au bâtiment une vibration particulière, aux reflets changeants.

Des aménagements paysagers subtils pour accompagner le visiteur dans sa découverte

C’est là un digne hommage que nous pouvons rendre, aujourd’hui, à celles et ceux qui, enfermés, privés de tout, ont marqué de façon indélébile notre histoire commune. C’est aussi une réponse à l’indéfectible mobilisation des témoins et des passeurs de mémoire qui ont transmis, avec abnégation, cette histoire pour qu’elle ne sombre pas dans l’oubli. Et qui contribuent aujourd’hui encore activement à l’émergence du projet, aux côtés des pouvoirs publics.

Téléchargez le dossier de presse