Prospectiv’Eau

Avec ses partenaires, le Pays de Béarn coordonne une étude pour répondre à une question essentielle : la ressource en eau potable du Béarn, quels futurs nous attendent ?

Si en Béarn, les ressources en eau ont toujours paru abondantes, elles sont aujourd’hui fortement menacées par le changement climatique. L’été 2022 a été révélateur de ce qui nous attend dans le futur. L’Institution Adour projette ainsi des diminutions de 20 à 30% des débits des principaux cours d’eau, notamment sur le Gave de Pau dans son étude « Adour 2050 ». Cet épisode estival conforte la nécessité de s’intéresser collectivement à la question cruciale de la préservation de cette ressource.

Partager la connaissance pour faire émerger une vision commune

Afin d’anticiper des réponses efficaces pour faire face à ces enjeux, le Pays de Béarn a lancé une étude : « Prospectiv’Eau ». Elle réunit toutes les parties prenantes de la gestion de l’eau potable, des institutionnels aux syndicats d’eau potable, ainsi que toutes les régies communales qui portent la compétence Eau. Son objectif ? Étudier la ressource en eau disponible et la confronter à nos besoins d’aujourd’hui et de demain, à l’horizon 2050.

Le périmètre béarnais s’est imposé comme pertinent pour traiter cette problématique et identifier les défis collectifs qui seront à relever d’ici 25 ans. Cette approche permet d’interroger les complémentarités, les éventuelles interconnexions qui pourraient s’imposer comme des solutions collectives à des problèmes qui se posent plus localement. D’autant que la ressource en eau impacte tous les volets de la vie quotidienne et économique du Béarn. Car si la question de l’eau potable vient immédiatement en tête des préoccupations, l’agriculture, l’énergie – particulièrement l’hydroélectricité – ou encore l’industrie sont autant de secteurs qui devront nécessairement anticiper des évolutions pour s’adapter aux conditions qu’imposera le changement climatique. Et qui doivent donc être pris en compte dans l’équation de la sécurisation de l’eau potable.

La première étape a été de rencontrer un maximum de structures pour mieux appréhender les problématiques du Béarn. Entre avril et mai 2023, 43 structures gestionnaires de l’eau potable ont été consultées afin de préciser collectivement les attendus de « Prospectiv’Eau ». « Il ne s’agit pas de refaire ce qui a déjà été fait » ont précisé bon nombre des participants qui travaillent déjà depuis plusieurs années sur l’observation la diminution de la ressource en eau. Il faut partager la donnée et la connaissance. La synthèse de toutes les analyses préexistantes devra permettre de faire émerger une vision d’ensemble et d’imaginer des solutions nouvelles. Une cinquantaine de documents sur les ressources naturelles en eau et la gestion de l’eau potable ont déjà été recensés et sont en train d’être collectés actuellement pour servir de base à l’étude.

La prochaine étape va consister à approfondir la connaissance à partir de tous les documents collectés, des rencontres avec les structures gestionnaires de l’eau potable, complétées de sessions de terrain et de visites de certains captages et sources. Objectif : réaliser un état des lieux objectif de la ressource en eau du Béarn et surtout des tendances à l’œuvre pour identifier les secteurs les plus vulnérables.

Salies-de-Béarn. L’eau ressource, parfois indomptable.

Les premiers défis identifiés pour mieux anticiper collectivement

En parallèle de ce travail de collecte, des entretiens ont été réalisés pour dresser un premier bilan sensible sur la ressource en eau et des défis à relever. La diminution de la ressource en eau, en particulier l’été, a fait l’unanimité auprès des structures rencontrées. Et cette tendance a des répercussions pour l’alimentation en eau potable mais aussi pour l’agriculture, l’hydroélectricité, l’industrie… La défense face aux incendies est aussi une préoccupation forte pour certaines communes, qui, spécifiquement en période de tension sur l’eau potable, pourraient se retrouver à cours d’eau pour y faire face. En plus de cette question de la raréfaction de l’eau, le Béarn apparaît très vulnérable vis-à-vis des risques naturels (érosion, inondation, éboulement, sismicité) qui peuvent endommager nos systèmes de captage et de distribution de l’eau. Enfin, des problématiques de qualité peuvent également se poser ponctuellement, avec des épisodes de turbidité par exemple et la question émergente des micropolluants. Pour autant, il convient de relever que le Béarn dispose globalement d’une bonne qualité pour son eau potable, grâce à de nombreuses démarches d’amélioration conduites ces dix dernières années.

Mener une étude prospective de cette ampleur est aujourd’hui indispensable. La vision globale qu’elle permet de développer prendra en compte les spécificités locales certes, mais assurera surtout une cohérence d’ensemble. En cela, elle sera une aide précieuse à la décision pour les acteurs du Béarn, spécifiquement pour prioriser les actions de service public à mener au regard de ces enjeux partagés. Cette approche collective doit permettre d’établir une stratégie claire de sécurisation pour les habitants du territoire pour garantir d’une alimentation en eau potable quantitative et qualitative.

Installations hydroélectriques au cœur des Pyrénées (Centrale du Barralet à Borce).

Cette étude est cofinancée par tous les partenaires pour un montant de 400 000 €. L’Agence de l’eau Adour-Garonne abonde à hauteur de 70% du coût total, les syndicats 20% et le Pays de Béarn finançant les 10% restants. Il assure de plus le pilotage de cette étude en mettant une chargée de mission dédiée au service du suivi et de la coordination du projet.

Le lac du Montagnon dans la vallée d’Aspe.