Un Béarn qui turbine
Les quatre éléments sont conquis. Les eaux-vives alimentent les centrales. Les plus légers que l’air du XIXème siècle ont laissé la place aux Tigres et Cougars du quatrième et cinquième régiments militaires de commandement qui font vrombir les turbines puissantes produites ici. La terre, riche, fertile, fait grandir les pêches roussannes si caractéristiques comme elle offre un terroir propice qui sert d’écrin aux vignes ou aux belles blondes d’Aquitaine. Même le sous-sol est exploité, opportunément, ancré dans une culture ancienne de l’exploration et de la production métallurgique. Fruit de ces conquêtes, l’économie du Béarn dessine le profil d’un territoire habile, agile, tourné vers l’avenir. Il témoigne d’une continuité certaine et illustre de sa capacité à réinventer et mettre à profit ses compétences pour accueillir de nouvelles idées et de nouvelles entreprises.
Les montagnes reflètent elles-mêmes cette histoire industrielle majeure pour le Béarn. L’activité métallurgique est ici une tradition ancestrale. Les mineurs pyrénéens travaillent dans leurs forges depuis l’Antiquité. Ces savoir-faire locaux précieux structurent tout un pan de l’économie béarnaise, de l’extraction à la commercialisation du fer et de l’acier, lui conférant un caractère industriel évident et ancien. Ainsi, l’exploitation des carrières de pierre et de marbre ont façonné autant nos paysages, fournissant une matière première de taille, qu’une trajectoire économique distinctive. Le bassin marbrier, qui a engendré le développement d’une économie liée au travail de la pierre, illustre parfaitement la synergie qui s’exprime ici entre des savoir-faire et une ressource brute, précieuse et magnifiée. 35 établissements et une centaine d’emplois font vivre une filière d’excellence entre tradition et modernité.
Ces compétences spécifiques, façonnées et éprouvées sur le temps long, ont favorisé le développement d’un écosystème industriel pluriel et performant.
Le Béarn encourage et exploite les divers atouts de son territoire : des infrastructures industrielles de haut niveau, un pôle de formation supérieure et de recherche reconnu, tout comme une main d’œuvre qualifiée. Ce cercle vertueux, constitué d’un environnement économique favorable et d’acteurs industriels importants, a permis de construire et maintenir son identité et sa compétitivité industrielle. Aujourd’hui, le Béarn est la capitale des géosciences.
Un Béarn qui donne des ailes à la transition énergétique
L’identité industrielle du Béarn se fonde sur l’exploitation pendant plus de cinquante ans du gisement de gaz de Lacq, plus grand gisement de gaz naturel en France. La production d’hydrocarbures et l’ensemble des activités de géosciences en découlant ont été le moteur pour le développement industriel de la région. De grands groupes tels que Arkema ou Air Liquide participent au développement et à la structuration de la filière de la chimie béarnaise.
Avec la fin des activités d’extraction du gaz, le Béarn s’invente terre de transition énergétique, industrielle et écologique. Le tout en capitalisant sur ses capacités en recherche et développement de qualité, reconnues en France et à l’étranger. Ces efforts ont permis d’accueillir de nouvelles activités comme la fabrication de fibres de carbone et la production de polyacrylonitrile par Toray CFE. Aujourd’hui, les trois plateformes chimiques dopent l’innovation en développant des activités autour de la chimie fine, des bioénergies et des matériaux composites. Le Béarn s’est engagé fortement dans la filière des énergies nouvelles. La mise en production d’une centrale électrique biomasse par Biolacq Énergies en atteste, complétée rapidement par le choix d’Hydro-Québec de créer en Béarn sa filiale SCE France dans le domaine du stockage et de la conversion de l’énergie.
En 2021, sur le bassin de Lacq, l’équivalent de 70% de la consommation est produite en énergie renouvelable !
Fort de son histoire, porté par un secteur de l’aéronautique qui contribue à sa diversité, le Béarn donne des ailes. La création à Pau par les frères Wright en 1909 de la première école de pilotage, rapidement complétée par une école militaire, a suscité l’engouement. Des entreprises, aujourd’hui mondialement connues, se sont installées dans la région, contribuant à asseoir la vocation aéronautique du territoire. Dans le sillage des leaders Safran Helicopter Engines et Safran Landing Systems, le dynamisme de ce secteur repose également sur un écosystème local particulièrement diversifié regroupant aussi bien des donneurs d’ordres, des grands groupes que des TPE et PME qui bénéficient d’un positionnement géographique stratégique. De la conception-étude à la mécanique de précision, tous les éléments sont réunis pour que l’aviation décarbonée soit une réalité.
La production hydro-électrique est également un marqueur fort du territoire. La géographie des vallées, parfois perçue comme un obstacle au développement de certaines activités, se trouve être un atout en matière de production d’énergie verte. Les composantes naturelles des vallées d’Ossau et d’Aspe ont permis la construction, début du XXème siècle, de barrages permettant la valorisation de la ressource en eau, aujourd’hui exploités par la SHEM (Société Hydro Electrique du Midi).
Sans oublier Fébus, qui n’est plus Gaston, mais qui gagne aujourd’hui une nouvelle bataille de l’autonomie, très contemporaine : celle de l’énergie. Les nouveaux bus du réseau palois roulent à l’hydrogène produit sur le territoire. Ils incarnent une démarche plus globale qui singularise le Béarn dans une course au développement d’énergies renouvelables et durables comme pionnier dans la production d’hydrogène.