Noste Pan, le bon grain béarnais

Du blé à la baguette, histoire d'une filière qui fait croustiller le territoire avec Jean-Marc Loula

Entre deux averses, sur les coteaux de Barinque, Jean-Marc Loula observe ses champs de blé avec une tendresse presque paternelle. Ici, chaque épi compte, chaque saison façonne le rythme de la terre, et chaque journée raconte l’histoire d’une agriculture à taille humaine, authentique et profondément enracinée dans son terroir. Depuis 2016, ce céréalier est l’un des piliers de Noste Pan, ce réseau béarnais qui tisse des liens entre agriculteurs, minotiers et boulangers pour produire un pain 100% local.

Des racines et des épis

Jean-Marc Loula, homme des champs, amoureux des fournils.

Naisseur-engraisseur de bovins, éleveur de volailles, céréalier : Jean-Marc Loula jongle avec les casquettes, affirmant humblement n’avoir « rien inventé » : « Je perpétue simplement, à ma manière, ce que faisaient mes parents ». Issu d’une lignée de six générations d’agriculteurs, il a grandi en observant ses aînés vivre en quasi-autosuffisance : potager foisonnant, basse-cour animée, troupeau bovin pour travailler les sols et entretenir les prairies, blé cultivé puis transformé localement.
Jean-Marc incarne cette polyvalence paysanne qui fait la richesse des campagnes béarnaises. Son exploitation fonctionne comme un véritable écosystème où chaque production nourrit l’autre : le blé alimente la filière Noste Pan, tandis que sa paille devient litière, le fumier enrichit les sols et le maïs et le colza s’intègrent aux rotations tout en nourrissant les animaux. Tout s’imbrique et se complète, un peu comme une recette bien dosée où chaque ingrédient trouve sa place.

Des champs aux moulins : des épis et des baguettes !

Un engagement qui redonne du sens au métier

Lorsqu’il apprend, en 2015, la création de la filière Noste Pan, Jean-Marc n’hésite pas une seconde à rejoindre l’aventure. Plus qu’un avantage économique, c’est avant tout le projet humain et la philosophie de cette filière locale qui le séduisent. « Produire du blé pour Noste Pan, c’est tout simplement une autre façon de travailler : une vraie motivation, une reconnaissance, et surtout, le rétablissement d’un lien précieux entre producteurs et consommateurs », confie-t-il avec émotion. Très impliqué dans l’association, il s’investit activement pour faire connaître la filière auprès des consommateurs. Mais fidèle à son tempérament discret, il préfère se fondre dans l’ombre au profit du collectif : « Ce qui m’importe vraiment, c’est que la filière réussisse. Mon rôle n’est qu’une partie du tout ». Imaginez un réseau où douze agriculteurs, deux meuniers et dix-neuf boulangers œuvrent ensemble pour produire le pain le plus local possible. C’est une réalité en Béarn.

L’un des objectifs clés de la filière est désormais d’approvisionner les cantines scolaires en pain, afin de sensibiliser les plus jeunes à l’importance du bien manger local. Une classe de Nay devrait d’ailleurs prochainement visiter l’exploitation de Jean-Marc et une boulangerie pour suivre tout le parcours du grain au pain.

De la graine au casse-croûte, une gestion à la baguette

Sur ses quatre hectares de blé, cultivés en agriculture raisonnée, Jean-Marc respecte un cahier des charges strict : semis de variétés locales et rustiques, traçabilité totale, et rotation rigoureuse des cultures pour préserver les sols.
Le blé est semé début novembre, puis la graine reste en sommeil jusqu’en février, comme une sieste bien méritée, avant de s’éveiller doucement en mars. Dès avril, le meunier communique aux céréaliers les tonnages nécessaires pour constituer le stock annuel, Récolté en juillet, le blé est stocké en silo et le meunier commence aussitôt à le moudre pour produire la farine. Les premières livraisons en boulangerie débutent dès le mois d’août.

Du grain à moudre au moulin Lo Moulié, à Saint-Pé de Leren, acteur de Noste Pan

Climat : quand la météo décide

Passionné mais lucide face au changement climatique, Jean-Marc observe depuis plusieurs années les bouleversements : hivers plus courts, vagues de chaleurs plus intenses, cycles agricoles perturbés. « Pour l’instant, on espère pouvoir continuer ainsi, mais il faudra sans doute adapter nos méthodes », reconnaît-il avec cette résilience qui fait la force des paysans.

Renouer avec les consommateurs : plus qu’un défi, une nécessité

En hiver, certains samedis matin, Jean-Marc se rend directement dans les boulangeries de la filière pour échanger avec les consommateurs. Un vrai travail de fourmi pour expliquer, transmettre, faire comprendre les enjeux de cette filière vertueuse. Car Noste Pan, ce n’est pas juste un produit, c’est un véritable projet de société. « Beaucoup ignoraient jusqu’à présent que leur boulanger faisait partie de Noste Pan ! », s’étonne-t-il. Ces échanges directs, associés à une meilleure communication -notamment via une carte interactive bientôt disponible sur le site internet de Noste Pan et une présence sur les réseaux sociaux – sont essentiels. « Nous voulons renforcer ce lien, parce qu’une filière locale, c’est avant tout une histoire humaine ».
La communication passe aussi par des panneaux installés aux abords des champs : « Ici pousse le blé Noste Pan », que vous avez peut-être aperçus en Vic Bilh et à Barinque. « Quand les champs se couvrent d’épis, je suis heureux d’installer ces panneaux ».

Le futur : développer, fédérer, pérenniser

La filière Noste Pan, aujourd’hui forte de douze agriculteurs, dix-neuf boulangers et deux minotiers, souhaite accueillir de nouveaux partenaires tout en renforçant sa cohésion interne. « Le concours annuel de la meilleure baguette, organisé cette année le 27 mars, est une occasion idéale de nous rencontrer, partager nos défis et nos réussites, et célébrer le savoir-faire des boulangers. », explique Jean-Marc avec enthousiasme.

Du moulin au fournil, il n’y a qu’un pas !

La recette : trois ingrédients, mais beaucoup de savoir-faire

Si vous demandez à Jean-Marc sa recette favorite à base de farine locale, il répond avec malice : « Je vous invite plutôt à pousser la porte d’une boulangerie Noste Pan, goûter une baguette fraîche et savourer l’incroyable savoir-faire de nos artisans boulangers ».

Trois ingrédients et beaucoup de plaisir !

En conclusion : du pain, du sens et de la fierté

« L’alimentation est le premier médicament », proclame Jean-Marc. Cette phrase résume bien sa vision, celle non seulement d’un céréalier engagé, mais aussi celle d’un acteur de santé publique et de développement local.
Noste Pan, c’est une histoire de solidarité, un modèle économique équitable pour chaque acteur de la filière et une manière durable qui reconnecte les consommateurs à leur alimentation.
Alors, la prochaine fois que vous achetez votre pain, assurez-vous que le logo Noste Pan soit bien visible sur la vitrine. Et s’il ne l’est pas, faites passer le message à votre boulanger ! Jean-Marc et tous ses collègues vous remercieront 😊
« On est fiers que notre pain soit bon, que les gens nous fassent confiance », conclut Jean-Marc Loula.