La nuit est belle... elle est sauvage
Le Pays de Béarn a engagé un travail avec 40 communes pilotes en les accompagnant sur une meilleure prise en compte de l’enjeu biodiversité dans leur façon d’éclairer la nuit, afin de restaurer les trames noires du Béarn.
La lumière artificielle générée par les lampadaires a des conséquences négatives sur la biodiversité. Par exemple, les oiseaux et les insectes nocturnes se repèrent et s’orientent en fonction des étoiles ou de la lune. Ils sont attirés par ces sources lumineuses artificielles et perdent leurs repères. Beaucoup d’insectes pollinisateurs sont nocturnes et la pollution lumineuse a aussi des répercussions négatives sur la pollinisation. Au contraire, d’autres espèces comme les chauves-souris fuient la lumière et ces installations constituent pour elles des barrières quasiment infranchissables qui fragmentent leur habitat. La présence de lumière artificielle perturbe également le cycle de vie des êtres vivants et a notamment un effet sur la saisonnalité des végétaux.
Envie d’en savoir plus ? L’agence française de l’observatoire de la biodiversité vous explique tout dans une vidéo très didactique.
Une trame noire en Béarn
Afin d’alerter sur les enjeux de l’éclairage et de la biodiversité, le Pays de Béarn a cartographié une trame noire sur tout le Béarn. Cette trame noire correspond aux espaces utilisés par la faune nocturne pour vivre et se déplacer. Cette démarche doit permettre de mieux préserver ces espaces clés à fort enjeux pour les animaux voire de recréer des trames noires fonctionnelles sur les secteurs sujets à de la pollution lumineuses. Cette cartographie identifie les secteurs clés à préserver et constitue un outil d’aide à la décision pour protéger et restaurer les trames noires. Elle a été construite à partir de simulations basées sur plusieurs espèces nocturnes appartenant à 5 grands groupes biologiques : les rapaces nocturnes, les amphibiens, les hétérocères (les papillons de nuit), les chauve-souris et les grands mammifères (comme les cerfs).
Elle s’est également appuyée sur la carte de la pollution lumineuse pour identifier des zones de conflit.
Les trames noires sont très bien préservées sur certaines parties du Béarn, notamment sur la zone de piémont et de montagne. Le Gave de Pau constitue également un corridor majeur même s’il est fragmenté par l’urbanisation qui s’est développée historiquement sur ses berges. L’analyse plus fine de cette carte permet d’identifier des zones de conflits, où la pollution lumineuse limite drastiquement les déplacements de la faune nocturne. Ce sont sur ces zones que des actions de restauration pourraient être mises en œuvre.
Comment protéger la biodiversité nocturne ?
Le principal enjeu est de ne plus éclairer les cours d’eau, qui sont des corridors écologiques majeurs et qui concentrent les déplacements d’espèces aquatiques mais aussi terrestres via les berges. Plus généralement, il est fondamental de limiter l’éclairage des milieux naturels en campagne et en ville, dans les parcs et jardins par exemple. Les lumières orangées sont ainsi à privilégier car elles sont moins impactantes sur les espèces animales, y compris sur l’homme. L’extinction est une autre mesure intéressante en cœur de nuit pour les espèces nocturnes. Néanmoins, de nombreuses espèces sont crépusculaires et vivent au moment où les lampadaires ne sont pas encore éteints. C’est pourquoi des communes ont testé une extinction totale de leur éclairage l’été qui constitue avec le printemps une des périodes les plus actives pour la biodiversité. Les jours étant plus long, l’éclairage n’était allumé que pour quelques heures.
Au cœur de la nuit sauvage
Pour informer et sensibiliser les habitants des communes sur ces sujets, le Pays de Béarn a organisé avec ses partenaires plusieurs sorties nocturnes à la découverte de la faune, pour écouter les chouettes et hiboux, mieux connaître les chauves-souris, observer les grenouilles et tritons, rechercher les lucioles, attirer des papillons de nuit sur un drap blanc… Bref, s’imprégner du monde de la nuit !