Demain, quel éclairage idéal en Béarn ?
Quel serait l’éclairage idéal de demain ? C’est la question qui a été posée aux habitants du Béarn à travers une enquête mise en ligne de juin à octobre 2022. Défi relevé par 864 participants. Éléments de réponse...
L’éclairage public a été longtemps notre réponse au besoin de sécurisation de l’espace public et synonyme de modernité. Pourtant, aujourd’hui, notre manière d’éclairer est remise en question : consommation énergétique trop gourmande, pollution lumineuse empêchant la bonne visibilité des étoiles, impacts sur la biodiversité… Dans ce nouveau contexte, nos usages de l’éclairage nocturne sont amenés à évoluer. Pour voir la nuit sous un autre jour. Nous avons questionné les habitants du Béarn pour recueillir leurs impressions et leurs aspirations par rapport à ces nouveaux enjeux (les résultats détaillés à lire ici).
Articuler économie d’énergie, préservation de la biodiversité et enjeux de sécurité
La diminution des consommations en énergie est la préoccupation prioritaire des répondants. En effet, l’éclairage public représente un coût important des communes (en moyenne 41% des consommations en électricité), qui s’est encore renforcé ces dernières années, avec la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine. La préservation de la biodiversité arrive en seconde position et constitue une attente importante des participants. En troisième position, on retrouve plusieurs préoccupations diverses : l’observation des étoiles, les nuisances lumineuses dans les domiciles, les ambiances nocturnes et la sécurité. Relevons que près de 44% des répondants expriment une gêne liée à l’éclairage de leur domicile la nuit. Paradoxalement, la mise en valeur du patrimoine est généralement reléguée au plus bas du classement.
Néanmoins, l’atteinte des objectifs énergétiques ou écologiques ne doit pas éclipser l’importance de garantir la sécurité des usagers. En effet, la plupart des répondants expriment des craintes liées à la réduction de l’éclairage public concernent la sécurité. La sécurité des cyclistes et piétons, les vols et agressions sont les principales craintes identifiées ainsi que le sentiment d’insécurité.
Le monde de la nuit et ses imaginaires nombreux, parfois effrayants, contribuent à la surestimation de la dangerosité. L’occasion de rappeler ici que 80% des cambriolages se produisent de jour, notamment l’après-midi.
éclairer différemment pour protéger la biodiversité
La grande majorité des participants sont conscients des impacts négatifs qu’un éclairage mal maitrisé peut avoir sur la faune et la flore. Les effets piège et les perturbations comportementales sont bien connus des participants, de même que l’augmentation de la mortalité et la favorisation des espèces tolérantes à la lumière. A contrario, les effets sur la pollinisation et sur l’accessibilité aux ressources alimentaires sont moins bien connus et pourraient être abordés dans des démarches de sensibilisation.
Face à ces impacts, 79% des répondants indique qu’il est indispensable d’adapter l’éclairage public pour préserver la biodiversité et 17% que c’est important. L’extinction est particulièrement mise en avant. Or, cette extinction en cœur de nuit est souvent insuffisante car beaucoup d’espèces sont crépusculaires et présentent des pics d’activités en début de soirée ou quelques heures avant le lever du jour. Pour ces espèces, la réduction des intensités et l’utilisation de teintes jaunes/orangées sont des mesures également plébiscitées par les répondants. L’extinction l’été peut également être un axe intéressant à expérimenter car les jours sont plus longs à cette période de l’année et l’éclairage ne s’allume souvent qu’une heure ou deux.
Saviez-vous que 64% des insectes et 28% des animaux vivent la nuit ? Mais la lumière peut aussi impacter les espèces qui vivent la journée en perturbant leur rythme biologique comme par exemple des oiseaux qui chantent la nuit.
Passer du tout éclairé au mieux éclairé
Pour faire face à ces nouveaux enjeux, la réduction de l’éclairage public semble faire consensus : 33% des répondants ont même indiqué que l’éclairage était inutile ! Les résultats du questionnaire mettent en avant le désir d’un éclairage adaptatif par détection et plus économe en énergie. L’accent est également mis sur un placement plus judicieux des points lumineux. Les teintes jaunes plutôt que blanches sont également plébiscitées à 80%. A l’inverse, une intensité forte ou un nombre élevé de sources de lumières ne sont pas des critères prépondérants pour un bon éclairage.
La plupart des étoiles ne sont plus visibles dans les centres-villes : on peut y observer en moyenne une centaine d’étoiles contre plus de 8 000 dans un ciel sans éclairage. Une meilleure maîtrise de l’éclairage permettrait d’à nouveau avoir accès à la beauté de notre voûte céleste et de continuer à nous inspirer !
Vers une gestion différenciée de l’éclairage
Les répondants aspirent à une gestion différenciée en fonction de l’usage des espaces, privilégiant des éclairages tamisés ou une extinction pour les axes routiers et l’installation de détecteurs de présence pour les liaisons douces. Les détecteurs de présence apparaissent comme une solution technique permettant de concilier un confort (voir et être vu) apporté par l’éclairage pour les déplacements urbains et un environnement nocturne apaisé.
éclairer quand c’est utile et éteindre quand ça ne l’est pas
Avec l’augmentation du coût énergétique, de plus en plus de communes envisagent l’extinction de l’éclairage public en cœur de nuit. Se pose alors la question du « quand éclairer » et plus précisément les plages horaires d’extinction à retenir. Les répondants sont très majoritairement favorables à l’extinction que ce soit avec détection (38%) ou sans détection (61%). Les plages horaires les plus larges sont davantage mises en avant par les répondants que la plage plus réduite de 2h à 5h du matin. L’extinction totale de l’éclairage est également mise en avant par les résultats de l’enquête, notamment en période estivale. En effet, les jours étant plus longs, l’éclairage ne s’allume qu’une ou deux heures sur les mois de Juin, Juillet et Août et l’absence de scolaires en période de vacances limite les besoins de sécurité afférents aux trajets correspondants. En outre, l’été est l’une des périodes les plus actives pour la biodiversité, ce qui permettrait de limiter les impacts sur cette dernière.
« La nuit sous un autre jour » : une charte de l’espace !
Ces réponses ont permis de nourrir les différentes réflexions du groupe de travail du projet « La Nuit sous un autre jour ». Concrètement, elles ont permis d’affiner une charte mise à disposition des communes pour favoriser la diffusion des bonnes pratiques.